C’est le retour de la rubrique dans laquelle un ancien joueur ou staff vous apportera son vécu et son analyse sur la rencontre du week-end.
Pour la réception du Stade Français, c’est Mathieu Blin, avec 13 saisons dans le club parisien en tant que joueur puis 5 saisons en tant qu’entraîneur et Manager du SUA LG, qui nous raconte des anecdotes sur cette rencontre entre le SU Agen et le Stade Français Paris.
Que représente l’affiche Agen / Stade Français pour toi ?
Ça représente tout pour moi. Ma vie de rugbyman s’est faite au Stade Français et ma vie d’entraineur s’est faite à Agen, je suis resté longtemps dans les deux structures en essayant de faire du mieux que je pouvais à chaque fois.
Pour l’anecdote, je ne sais pas si je l’ai déjà raconté mais Agen c’est le seul club que j’ai visité pendant ma carrière de joueur pour un éventuel transfert dans les années 2006/2007.
En plus, j’habitais à Sainte-Colombe pas loin de là où habitait Philippe Benetton qui était mon idole quand j’étais jeune, ça représente tout pour moi rugbystiquement quand ces deux clubs se rencontrent.
Un souvenir / anecdotes lors de cette affiche ?
J’ai quelques anecdotes oui, la première c’est quand je jouais pour un match Agen – Stade Français lors de la première descente du SUA (le 26/05/2007 : Agen 5 – 18 Stade Français). J’avais marqué ce jour-là, donc j’avais en quelques sortes participé directement à cette descente, et c’est quelque chose que l’on m’a beaucoup remémoré quand je suis arrivé en tant qu’entraîneur à Agen.
Et la deuxième anecdote c’est lors de ma première année d’entraîneur, pour un Stade Français – Agen, on était dans un hôtel porte d’Orléans et j’avais un peu envie de leur faire découvrir le côté Paname où le rugby c’est au milieu de tout le reste, on s’en fiche un peu, alors qu’à Agen c’est au centre de tout et c’est le trésor de guerre. On avait été faire un Game Ready dans les jardins de la cité universitaire, c’est là où tous les batiments sont représentés par les étudiants étrangers. On avait fait ça à l’arrache au dernier moment avec les gardiens de la cité U, c’est un peu comme si on avait fait un capitaine run à Oxford ou Cambridge. On a traversé le prériph’ à pied et on avait failli gagner en plus. C’est un très beau souvenir car apèrs le match on avait fait quelques arrêts dans le restaurant que j’avais, le Trinquet, où on avait finis tard dans la nuit. Ce sont toujours des moments très sympa et de jolis souvenirs.
Un ressenti sur le début de saison des Agenais ?
Je lis et je vois beaucoup de continuité avec Christophe Laussucq et Rémi Vaquin, j’ai lu dans le Midol cette semaine un gros titre avec « transversalité au SUA » ce gros-mot que j’avais sorti et inventé en me faisant moquer fort, je vois que 7 ans après ça existe encore. Sinon, je n’ai pas spécialement d’inquiétude parce que je sais que le SUA est paramétré pour jouer le maintien, pour être en sur-régime, à 110-120% sur chaque match avec très peu de manœuvre et de tranquillité.
Ce qui est compliqué c’est que ça fait 3 défaites d’affilés, le premier match contre Castres il met le groupe dans le dur j’imagine. Et pour avoir vu le match contre Clermont où Christophe Laussucq parlait de l’inexistence de la première mi-temps, j’imagine qu’une fois de plus, le groupe va se concentrer sur l’état d’esprit pour ne jamais passer à côté des bras de fer et des batailles à chaque match qui sont primordiaux.
Je les trouve de mieux en mieux en termes de fond de jeu mais ils ont peut-être été un peu en déficit, et c’est évidemment inconscient, sur l’envie et l’état d’esprit sur ces trois premiers matchs.
Ton regard sur la rencontre de samedi ?
Après la défaite du Stade Français et du SUA, chaque équipe rencontre l’autre au plus mauvais moment j’ai envie de dire. Evidemment la pression est plus sur les épaules d’Agen car c’est à domicile et on sait que pour les supporters c’est important dans ce sport et d’autant plus à Agen où il y a beaucoup de fervent supporters.
Ce sont deux équipes qui sont en souffrance sur l’état d’esprit, j’imagine un match très électrique où il va falloir réussir à monter les curseurs de l’agressivité et de l’envie sans tomber dans l’excès..
Et si aucune des deux équipes ne s’écroule dès le début, je pense que le bras de fer durera jusqu’à la fin.
Justement on sait qu’ici les supporters sont proches de leur équipe…
Je vais parler seulement de ce que j’ai vécu avec ce public, donc depuis 2012, j’ai vécu l’époque où on devait rompre le fantasme qui disait que le SUA est un des plus grands clubs français puisque son histoire, avec un côté passéiste, le tirait plutôt vers le bas.
Les gens imaginaient que c’était toujours le cas alors que le rugby changeait, j’ai accompagné beaucoup les gens à leur faire comprendre qu’il faut profiter tant qu’Agen est en TOP14, même si c’est difficile et que ça ne se passe pas toujours bien. Et puis, si le club est en ProD2, il faudra profiter du fait de passer ce cap des 6 meilleures équipes pour aller chercher des phases finales et vivre ça comme une fête avec les supporters.
Je crois que j’ai vécu ce moment où les supporters ont bien réussi à prendre ça en compte, le rugby à changer, prenons du plaisir avec cette équipe et soyons autour d’eux.
Il n’empêche que, le public agenais est un public qui connait le rugby, ce sont de vrais connaisseurs et forcément ils ont une exigence qui est très haute. Quand ça fait plusieurs années que tu luttes pour le maintien avec parfois des performances extraordinaires, qu’on se rend compte de tout ce que le club met en place au niveau des partenariats, des recrutements joueurs, des infracstructures etc… je comprends l’exigence que le public a, mais il ne faut pas oublier que le SUA est un des plus petits clubs du TOP14, et ce n’est pas du tout péjoratif, ça demande un peu plus d’indulgence, de retenir son souffle parfois et surtout de rester soudé.