Il est le vainqueur de la consultation populaire lancée par le club pour moderniser son identité graphique. Quelques jours après l’adoption par le SUA LG de son nouvel emblème, Louis Gontier est revenu sur cette expérience qu’il juge enrichissante et prometteuse. Rencontre avec ce jeune étudiant passionné, Louis GONTIER.
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Agen Rugby : Louis, pourrais-tu te présenter : ton parcours, tes études, et puis ton actualité.
Louis G : Premièrement j’ai grandi à Agen, j’ai fait mon collège et mon lycée ici à Palissy. Ensuite, j’ai eu mon BAC L mention bien. Je voulais faire du graphisme, donc j’ai décidé de partir sur Bordeaux pour intégrer cette école assez réputée dans ce domaine, à savoir l’ecole « Supp de pub ». J’ai commencé à faire une mise à niveau en art appliqué pour ensuite faire un BTS design graphique donc une fois que j’étais BAC+3 j’ai pu faire un Master 1 en direction artistique histoire de développer un peu plus l’aspect design et pouvoir gérer une équipe plus tard, et là enfin cette année je termine ma formation en Master 2 en « UX » (design appli web, site internet et tout ce qui est mobile). J’avais assez de compétences à mon sens pour proposer quelque chose de correct à ce concours.
Est-ce que tu te destines à une carrière dans le sport où tu n’es pas arrêté pour le moment ?
Louis : Honnêtement c’est ce que je préférais parce que depuis que je suis petit je suis passionné par ça, que ce soit plus le football mais le rugby aussi en général avec le tennis aussi particulièrement. C’est vraiment les trois sports prépondérants pour moi, que je préfère depuis que je suis petit. Forcément c’est quelque chose que j’aimerais bien développer, c’est une opportunité énorme pour moi pour rentrer dans le monde du sport. C’est pour moi un objectif !
Tu parles du monde du Rugby, tu as un attachement particulier au SUA …
Louis : Ayant grandi ici je pense que tous les Agenais ont un attachement particulier pour le SUA ! Ici, il y a vraiment une ferveur locale, il n’y a qu’à voir la ville comment elle se transforme les jours de matchs…Depuis que je suis petit j’ai assisté à plusieurs matchs à Armandie donc forcément j’ai un attachement particulier avec ce club-là. Pas forcément un fervent supporter, mais j’ai toujours suivi le SUA surtout pendant la période d’ascenseur ces dernières année entre la PROD2 et le TOP14.
On peut dire que tu es chauvin…?
(rires) On est obligé d’être chauvin, on est d’ici… les Lot et Garonnais ont la réputation d’être un peu chauvin donc forcément oui !
Est-ce que pour toi c’est une fierté d’avoir créé la nouvelle identité du club ou c’est un job comme un autre ?
Louis : Oui c’est une fierté, à titre personnel je suis super fier c’est vraiment énorme ! Même symboliquement je viens d’ici, je suis parti à Bordeaux et la porte d’entrée professionnelle dans le monde du sport qui m’amène à un futur métier, vient du SUA donc forcément c’est un peu un retour aux sources pour moi, c’est une super fierté. Le SUA c’est vraiment le garant de l’image d’Agen au niveau national, même au-delà de l’image du rugby, Agen c’est les pruneaux et le SUA ! Ce Club a un rayonnement dans tout l’hexagone, donc oui c’est une grande fierté d’avoir participé à écrire ce pan de son histoire. Mais tout de même, j’ai essayé de garder une certaine forme de réserve en restant le plus professionnel possible vis-à-vis du concours, de pas m’enflammer non plus, de rester super propre, tant avec la direction du club que les gérants du concours.
Est-ce que ça a changé quelque chose sur les jours/semaines qui ont suivi la révélation de ce nouveau logo, de ta création ?
Louis : Oui énormément, parce que rien qu’au niveau des réseaux sociaux ça a généré des réactions énormes. Que ce soit des réactions dithyrambiques comme des réactions très négatives. Mais à contrario, rien que de voir sur LinkedIn j’ai un réseau qui s’est développé, qui a vraiment décuplé, même des articles au niveau local, quand on voit sur des journaux de sport notre logo, la création est relayée c’est quelque chose d’énorme, donc forcément ça a fait une progression.
On va revenir au logo. Tu l’as expliqué, ta création est originale. On a envie de te demander d’où ça vient, quels ont été tes inspirations, on parle souvent de la Juventus, est ce que c’est ta seule inspiration ?
Louis : Je dis souvent la Juventus car c’est vraiment l’exemple le plus connu mais ce n’est pas j’ai vu la Juventus que je vais faire pareil c’est beaucoup plus complexe que ça. Là où j’ai fait la comparaison avec la Juventus pour ceux qui n’ont pas forcément des bases en graphisme, c’est leur apporter à titre d’exemple quelque chose qui est semblable dans le concept. A savoir un logo sans bord qui laisse passer le tissu et donc qui révèle les couleurs. Mais sinon, l’inspiration première c’est le club lui-même, le but quand on fait un logo c’est respecter l’héritage du club.
Donc forcément avant même de faire le logo, c’est des jours et des jours de recherche sur l’évolution du logo du SUA, de voir quelles sont les images qui reviennent le plus dans l’âge d’or qui va des années 60 au années 80, les gens y sont beaucoup attachées donc il faut garder ça en tête. Il faut garder en esprit vraiment l’aspect très local qu’il y a eu d’abord avec Armandie, ensuite avec le président Ferrasse, avec une fierté vraiment du Lot et Garonne à préserver, mais ça ne voulait pas dire faire quelque chose de foncièrement vintage et « vieillot ». On peut garder ça et en même temps garder un esprit de club, et en même temps aller vers la modernité, c’est pour ça que j’ai cité la Juventus et le FC Nantes qui ont réussi à moderniser leur image de très belle manière, à titre personnel, et de voir que ça peut s’appliquer à d‘autres sport.
A titre d’exemple, le stade de Reims la veille de la révélation du logo du SUA LG à dévoilé son logo très sobre, sans bord mais qui respecte l’histoire du club, avec la couronne des rois, les initiales, une forme de bouclier, c’est un concept graphique, c’est un virage que le monde du sport prend en général, même l’US Open au Tennis a changé son logo, il y a vraiment un lifting général qui se fait en ce moment : le sport prend un virage marketing très fort. Alors ça peut faire peur à des supporters vraiment ancrés depuis longtemps dans leur club qui ne veulent pas forcement se dire que leur club est une marque, mais pourtant aujourd’hui même avec la professionnalisation du rugby des années 90, c’est un virage à prendre.
Après, je me suis demandé, est ce que le club voudra le faire ? C’était une autre histoire. Il y a une nuance. Quand je l’ai proposé, à aucun moment je me suis dit que le club allait le prendre, je me suis dit, ça peut plaire, ça peut s’ancrer dans l’actualité. Sachant que le TOP14 n’avait aucun logo comme ça, le virage image d’institution n’avait pas encore été pris, c’était un risque à prendre. Heureusement le club l’a prit ! Je ne serais pas surpris de voir que d’autres club prennent le pas dans les années à venir..
Il semnlerait que tu sois bientot disponible sur le marché du travail…
Louis : Pas officiellement encore, je dois terminer jusqu’à octobre mon année mais ce sont des petites missions à faire en entreprise, des projets un peu de startup mais en soit c’est plus comme un mémoire, mais ce n’est pas vraiment des cours à proprement parler. Donc actuellement je suis sur le marché du travail mais je me consacre à la réalisation de mon book pour ensuite aller démarcher des entreprises et des clubs.
Quel est ton regard sur la démarche du Club de faire un appel à projet populaire ?
Louis : A titre personnel, en tant que professionnel j’ai l’habitude de voir qu’on a un métier un peu ingrat, un peu dévalorisé.
Cependant, par rapport à la situation du club et le contexte sanitaire, j’ai trouvé que ce qu’a fait le club était assez énorme en termes de réactivité et de production. C’était un vrai challenge pour les participants mais aussi pour le club parce que forcément c’était aussi faire confiance à ses supporters, à ceux qui suivent le club, qui habitent ici ou non et ça ce n’est pas quelque chose d’évident.
Moi j’ai trouvé la réactivité du club assez énorme pour l’oganisation et même la production avec ce beau clip des Inigo Brothers que j’ai vraiment trouvé sympa.Honnêtement moi c’est pas quelque chose qui me dérange dans le sens où je sors de mes études donc pour moi c’était plus une opportunité à prendre. Puis je viens d’ici, c’est un club, je ne suis pas un fanatique du SUA mais j’ai une attache particulière pour ce club, forcément je suis d’ici donc c’est quelque chose qui me tenait à cœur, moi c’était quelque chose je me suis dit que c’était une implication personnelle vraiment forte et qui dépassait largement les ambitions purement pécuniaires.
Ça ne t’a pas choqué ?
Louis : Non, c’est un appel à projet, j’ai l’habitude de voir des appels à projets très peu rémunérés voir pas du tout donc c’est un cas auquel on est assez confronté. Est-ce que à long terme faire ça plusieurs fois c’est une bonne chose pour les graphistes ? Évidemment que non. C’était une opportunité pour les étudiants comme moi et je l’ai saisi. Après honnêtement, venant d’ici, j’avais pas l’ambition de gagner de l’argent avec ça, l’ambition que j’avais c’est de me dire voilà, tu t’y connais en Design, t’as une grosse connaissance graphique que tu as accumulé pendant plus de 5 ans, que ce soit des cours d’histoire de l’art, du Design de typographie, des cours de Design graphique. Essaie de voir quelles sont les tendances actuelles : on est constamment bombardé d’images et encore plus quand on est dans ce métier-là, faut se tenir au courant de toutes les tendances.
Pour moi c’est un avantage mais aussi un risque à prendre même si moi je m’y connais je sais « ce qui serait bien pour le club » sans vouloir être présomptueux, le but c’était aussi que le club prenne se risque là, donc ça ce n’était pas gagner. D’ailleurs tout ce qu’il y a autour, j’y gagne bien plus qu’une simple rémunération.
A l’unanimité, l’institution SUA (salarié, STAFF, joueurs, dirigeants, Présidents) a été séduite par ta proposition. Tu ne sembles pas supris…
Louis : Je ne dirai pas conforté mais ça m’a rassuré sur les intentions réelles du club pour l’avenir. Honnêtement au début du concours la seule crainte que j’avais en proposant ce logo-là, c’était que peut être le club allait se précipiter et ne pas vouloir prendre un risque trop grand au niveau de l’image. Pour le coup, on fait vraiment rupture avec le reste des logos du TOP14. Après quand les joueurs m’ont dit de vive voix qu’ils ont pratiquement tous votés pour moi, que l’institution, les cadres du club, le Président c’était la même chose, ça m’a rassuré dans l’idée que le club était vraiment tourné vers l’avenir et que ce n’était pas une simple opération purement pour rassurer ses supporters et faire un logo qui va durer un an ou deux ans. Ça m’a conforté dans l’idée que j’ai fait « la bonne chose à faire ». En sois-je n’ai pas remis en cause mon travail sur le fond, car la forme est toujours discutable, le graphisme c’est toujours subjectif. On l’a bien vu dans les réactions, certains adorent d’autres détestent.
Un mot pour celles et ceux qui t’ont soutenu ?
Louis : Logiquement la seule chose que j’ai à leur dire c’est merci ! Et encore une fois, la volonté du club de prendre « un risque » d’être un club pionnier du TOP14 à faire scission dans le design graphique, franchement ça oui c’est un grand merci, qu’on soit supporters, joueurs, cadres du club et même les dirigeants, j’ai qu’une chose à dire : MERCI.